dimanche 10 octobre 2010

Un homme - Philip Roth - Gallimard

Un hommeJe l’ai trouvé touchant, moi, ce vieil homme. Sans doute, plus jeune, il m’aurait agacée : volage, inconsistant, laissant ce qu’il a entre les jambes guider son destin. Il quitte les femmes et elles l’abandonnent : fuir le bonheur de peur qu’il se sauve ? Il reconnaît son choix pour la facilité, le mensonge et les faiblesses. C’est un homme, juste un être humain. Et puis, la vieillesse, la maladie, le corps qui lâche, le sien, celui des autres. L’écart se creuse entre la volonté de vivre et l’abandon des possibilités physiques. Le combat pour la vie se durcit alors que les moyens de lutter s’amenuisent… Un très beau ressenti de lecture pour ma part…

Extraits :

P 125 : « Tandis que le mensonge, le mensonge n’est qu’une manipulation minable, une manipulation méprisable de l’autre. On regarde l’autre agir selon des informations incomplètes autrement dit s’humilier. C’est tellement banal le mensonge, et en même temps, quand on te ment, tu n’en reviens pas. Les gens que vous bafouez, vous les menteurs, avalent tellement de couleuvres qu’ils finissent par baisser dans votre estime, malgré vous, n’est-ce pas ? Je suis sûre que les menteurs sont si habiles, si tenaces, si fourbes que c’est la personne à qui ils mentent qui finit par leur sembler sérieusement limitée. Vous en arrivez sans doute à oublier que vous mentez- ou alors vous vous dites que c’est un pieux mensonge, commis par gentillesse, pour épargner votre compagne asexuée. »

P157 : « S’il avait connu la souffrance mortelle de chaque homme, de chaque femme croisés pendant sa vie active, s’il avait connu leur douloureux parcours fait de regret, de deuil, de stoïcisme, de peur, de panique, de terreur, s’il avait découvert toutes les choses auxquelles ils avaient dû dire adieu alors même qu’elles leur étaient si vitales, s’il avait connu le détail de leur destruction en règle, il lui aurait fallu rester au bout du fil toute la journée et une partie de la nuit, à passer encore une centaine d’appels. Ce n’est pas une bataille, la vieillesse, c’est un massacre. »

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