
Cécile Ladjali ponctue son texte de références aux œuvres de Ingeborg Bachmann (Ilse) et Paul Celan (Lenz). L’omniprésence des thèmes de l’eau et du feu accentue l’association difficile de ces personnalités extrêmes. Lorsque l’on sait qu’ Ingeborg Bachmann a péri par le feu et Paul Celan par l’eau… Sont évoqués également les problèmes liés à l’écriture : Peut-on encore écrire de la poésie après l’holocauste ? Ecrire en allemand et retrouver sa langue ?
J’ai dégusté, j’ai savouré lentement chaque phrase de ce texte construit, nourri et donc riche. Du coup, je suis allée voir du côté des œuvres des artistes évoqués. (Bibliographie de fin d’ouvrage impressionnante). Et je ne peux que m’intéresser au travail de Cécile Ladjali.
Extraits :
P47 : "A toi de me dire à présent quelles sont les expériences qui font les écrivains ? Tu es forte. Je t’envie. Je n’ai plus rien à donner aux mots. Je suis sec. La violence de l’Histoire se retourne contre ma langue. J’invente des brèches, des trous, des pierres dans l’œil. Je ne peux rien faire d’autre. A quoi sert mon poème si il fait mal ?"P108 : "Manquer son père est un drame véritable. Ne pas avoir eu le temps de parler avec lui, ni d’engager la conversation sur des thèmes nécessaire à la construction de soi, à l’avènement d’une conscience adulte, quand on est tout enfant et qu’on cherche un modèle, que l’on est à l’affût pour débusquer dans un regard, un geste, un timbre de voix, ce qui sera un principe absolu de conduite et de croyance, reste une tragédie totale."P150 : "Je me protégeais de l’agression que je pressentais toujours dans le malheur, la souffrance et la mort, en me construisant une thébaïde d’indifférence. J’étais moi aussi toujours seul et sans doute n’avais-je encore jamais aimé quiconque sincèrement. Mon ingratitude face à la vie ne me pesait en rien. Je cultivais une passion morbide et sale pour ma cousine, je développais mes clichés dans la cave autrichienne d’un ancien nazi, je filmais des visages qui me ramenaient à mon propre bonheur sans qu’aucun de leur rictus ne m’atteignît. J’évoluais sur l’océan contrasté que créait mon heureuse indifférence, surnageant au-dessus d’un monde à l’agonie."
P47 : "A toi de me dire à présent quelles sont les expériences qui font les écrivains ? Tu es forte. Je t’envie. Je n’ai plus rien à donner aux mots. Je suis sec. La violence de l’Histoire se retourne contre ma langue. J’invente des brèches, des trous, des pierres dans l’œil. Je ne peux rien faire d’autre. A quoi sert mon poème si il fait mal ?"P108 : "Manquer son père est un drame véritable. Ne pas avoir eu le temps de parler avec lui, ni d’engager la conversation sur des thèmes nécessaire à la construction de soi, à l’avènement d’une conscience adulte, quand on est tout enfant et qu’on cherche un modèle, que l’on est à l’affût pour débusquer dans un regard, un geste, un timbre de voix, ce qui sera un principe absolu de conduite et de croyance, reste une tragédie totale."P150 : "Je me protégeais de l’agression que je pressentais toujours dans le malheur, la souffrance et la mort, en me construisant une thébaïde d’indifférence. J’étais moi aussi toujours seul et sans doute n’avais-je encore jamais aimé quiconque sincèrement. Mon ingratitude face à la vie ne me pesait en rien. Je cultivais une passion morbide et sale pour ma cousine, je développais mes clichés dans la cave autrichienne d’un ancien nazi, je filmais des visages qui me ramenaient à mon propre bonheur sans qu’aucun de leur rictus ne m’atteignît. J’évoluais sur l’océan contrasté que créait mon heureuse indifférence, surnageant au-dessus d’un monde à l’agonie."
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