dimanche 24 octobre 2010

Le club des incorrigibles optimistes - Jean-Michel Guenassia - Albin Michel

Le club des incorrigibles optimistes

Michel Marini est issu d’une famille de classe moyenne : du côté du père : Les Marini, italiens échoués à la base dans le Pas-de-Calais ; du côté de la mère : les Delaunay (qui ont permis à Madame de monter son entreprise.). Les Marini-Delaunay habitent Paris. Michel est le cadet des trois enfants : Franck, l’aîné est un jeune homme engagé politiquement, plutôt rouge, assez secret, il fréquente Cécile et a pour meilleur ami Pierre (le frère de Cécile). Juliette est la benjamine, un moulin à parole ou comme la surnomme grand-père Enzo Marini : une Chiacherronna. Et Michel, règne avec son acolyte Nicolas sur les baby-foot des troquets du coin. Michel est féru de rock’n roll, beaucoup moins des études, d’autant plus que la période du bachot approche.
Tandis que Franck choisit des chemins de vie assez mystérieux, Cécile et Michel se lie d’amitié profonde. Au Balto, lieu fréquenté par toute cette jeunesse, existe une porte dérobée par où disparaissent régulièrement toutes sortes d’individus. Un jour, Michel décide de satisfaire sa curiosité et de voir ce qui se dissimule derrière elle. Il découvre alors le Club des Incorrigibles Optimistes. Ses rencontres changeront sa façon de voir les choses et marqueront sa vie à jamais.

Chaque chapitre couvre une année de 1959 à 1964. En plus des faits historiques (guerre d’Algérie, montée du communisme en France,…), on croise les intellectuels, écrivains et artistes de l’époque (entre autres Sartre et Kessel,…). On apprend à connaître et à s’attacher à cette belle galerie de personnages : la famille, les amis, mais aussi ces réfugiés de l’est qui ont fui leurs familles, leurs pays et leurs âmes. (Et pourquoi Igor éprouve tant de haine à l’égard de Sasha ? Encore une histoire forte parmi tous les destins de ce roman !). La grande Histoire à travers les petites histoires de chacun. Un premier(?) roman attirant, entraînant, qui se lit tout seul. Un vrai bon moment de lecture. Pour tous !

Extraits :

P 217 : « Cela nous amène à relativiser notre capacité d’imagination que l’on croit infinie et à nous interroger, au contraire, sur la faiblesse de notre imaginaire. On confond souvent imaginaire et entendement. Le goulag, les génocides, les camps d’extermination ou la bombe atomique n’ont rien d’inimaginable. Ce sont des créations humaines, ancrées au fond de nous, et dont seule l’énormité nous écrase. Elles dépassent notre entendement humain, détruisent notre volonté de croire en l’homme et nous renvoient notre image de monstres. Ce sont, en réalité, les formes les plus achevées de notre incapacité de conviction. Le point ultime de notre capacité créative. On peut imaginer des choses inimaginables comme voyager dans l’espace temps ou trouver à l’avance les chiffres de la loterie ou rencontrer la femme ou l’homme idéal et parfait, après tout, certains ont inventé la peinture abstraite ou la musique concrète, on peut tout imaginer mais pas ça. Pas une guérison miraculeuse. Ca ne révèle que du hasard ou de la chance. »

P 499 : « Il a pris le dossier en carton et l’a ouvert. Il a sorti mes agrandissements. Les photographies de la fontaine Médicis étaient posées sur des cartons rigides et dessus, il avait collé une découpe blanc cassé aux bords inclinés qui faisait ressortir les détails du noir et blanc. J’étais bouche bée.
-C’est du 18 x 24. C’est un bon format. Il y en a plusieurs qui sont très réussies.
-Vous trouvez ?
- Vous avez du talent, Michel. Je m’y connais. Croyez-moi. Des photos, n’importe quel imbécile est capable d’appuyer sur le bouton. Des photographes, il n’y en a pas beaucoup. Vous savez cadrer, aller à l’essentiel, trouver l’axe efficace, chercher la lumière utile et décider au bon moment.
-Je suis content. Vous ne pouvez pas savoir. C’est la première fois qu’on me dit ça.
-Pourtant, les compliments, ce n’est pas mon genre.
-Le carton les met en valeur.
-Ne vous y trompez pas. Ce n’est pas comme un cadre pour un tableau. Je ne l’utilise pas pour faire joli. C’est un espace pour reposer la vue. Il est là pour isoler la photo. Rien ne doit la parasiter. Si la photo est médiocre, ça ne la rendra pas meilleure. »

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