dimanche 3 octobre 2010

Le compagnon de voyage - Curzio Malaparte - Quai Voltaire

Le compagnon de voyage
Inspiré de la tragédie du 08 septembre 1943 (armistice italien : désagrégation incohérente de l’armée italienne : des milliers de soldats se retrouvent seuls dans la nature sous la pression d’ordres et de contre-ordres).

Le lieutenant Cafiero Edouardo est avec sa formation, près de Scylla, en Calabre. Les hommes attendent le débarquement des forces alliées. Le lieutenant, à l’air aristocrate et aux bonnes manières, impose le respect de ses troupes. L’ordre tombe : il va falloir maintenir la place. Les hommes sont peu nombreux, le lieutenant décède en obtenant la promesse du soldat Calusia de ramener son corps à sa mère. Le chasseur alpin Calusia est un homme simple, plein d’admiration pour son lieutenant, il promet, charge le corps dans une caisse sur son âne et quitte le terrain. Ainsi commence le périple de Calusia à travers l’Italie en déroute. A travers chaque rencontre de Calusia, un pan de la débâcle du pays est soulevé.

Le texte est court (100 pages) et je ne veux pas trop en dire sous peine d’annihiler l’intérêt de la découverte. J’ai aimé la philosophie et les choix d’actions de Calusia qui poursuit son chemin malgré l’environnement pour le moins chaotique.


Extrait :
P78 : « Cet exode féminin est peut-être le phénomène le plus intéressant de cette triste période : si les hommes fuyaient la misère antique, l’oisiveté obligatoire du Sud, l’injustice, les abus, avec l’espoir d’une nouvelle vie de travail et de bien-être, il ne faut pas croire que les femmes étaient portées par l’espérance, si on peut l’appeler par ce nom, d’un commerce immonde. Elles fuyaient pour la plupart la misère, l’esclavage, la faim, l’angoisse : elles partaient à la recherche d’un pays plus riche, plus ordonné, plus juste, plus civil que le pauvre village qu’elles abandonnaient. Depuis toujours la défaite représente pour les populations misérables, malheureuses, une sorte de merveilleuse et terrible occasion de liberté, de vie nouvelle plus aisée et plus digne. »

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