jeudi 23 septembre 2010

Zone - Mathias Enard

Zone
Francis Servain Mirkovic est agent de renseignement depuis quinze ans dans la Zone : Algérie puis Proche-Orient. Francis change régulièrement de nom, de personnalité, de vie. Aujourd’hui, il est Francis Servain Mirkovic. Francis aspire à la rédemption, il souhaite cesser son activité de délateur, de tueur, de mercenaire. Pour ce faire, il doit livrer une valise contenant les dossiers de centaines d’intrigants à un personnage influent du Vatican. Ivre une fois de plus, il rate son avion et se voit contraint d’entreprendre le voyage pour Rome en train : moyen de transport relativement lent mais qui permet à l’esprit de divaguer à loisir.

Au niveau de l’écriture, je n’arrivais pas à trouver mon rythme de lecture (peu de ponctuation), toutefois, après une seconde lecture du texte, il s’avère que l’écriture est en totale adéquation avec le thème : nous sommes dans le train, le rythme est régulier, puis il s’accélère ou décélére en fonction du surgissement des souvenirs de Francis avant de revenir sur les rails nous menant vers Rome ou sur le fil conducteur de la pensée du protagoniste. Le train permet l’alternance de la mobilité et de l’immobilité. On pourrait écouter sans problème cette histoire, cette fresque épique. A travers ses souvenirs, Francis évoque LA guerre, toutes les guerres depuis le début de l’humanité. Véritable archéologue de la guerre, il nous permet de découvrir les différentes strates des conflits ayant égratignés l’humanité. Aujourd’hui, Francis souhaite déposer « sa valise », se poser. Il a pourtant connu trois femmes qui lui auraient peut-être permis de quitter cette non-vie : La protectrice et maternelle Marianne, l’indépendante et ambitieuse Stéphanie ou même l’inaccessible Shaska. Mais sait-il seulement accueillir une main tendue ?

Entre les lignes, nous pouvons lire que nous sommes arrivés à un point de rupture au XXIème siècle : en acceptant une sorte de philosophie de l’horreur. Si nous sommes libres de tout conditionnement, alors pourquoi ne pas faire un choix qui tendrait vers le pacifisme ? Le choix individuel influe sur l’histoire commune.
On aborde également, à un moment du texte, la place de l’artiste ou de l’écrivain, lors des conflits : Une œuvre peut-elle racheter un auteur ?
Un texte dense, érudit et fascinant qui ose nous dévoiler le côté sombre de l’humanité.

Je n’en suis pas ressortie indemne. J’ai un faible pour le personnage d’ Intissar (une femme engagée dans un conflit, l’arme à la main mais…).

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