dimanche 17 octobre 2010

Une succulente au fond de l'impasse - Anne Bragance - Mercure de France

Une succulente au fond de l'impasse
Jolis portraits de trois personnes.
Trois chapitres pour ce court roman : François - Emma - Bénédicte
François, agent immobilier, rejeté en tant que mari et père, rencontre et se lie d’amitié pour « la succulente » : Emma.
Emma, prostituée, collectionne les hommes comme elle collectionne les cactées.
Bénédicte est la meilleure amie d’Emma.

Trois rencontres, trois amitiés ou plutôt l’apposition de trois solitudes.

Extraits :

P93 : C’était ce besoin de tendresse qu’éprouve tout être vivant, c’était la tendresse qui ne saurait se monnayer et donc je dispensais de paiement ceux qui m’en manifestaient. Les autres, qui en étaient incapables, payaient. C’était aussi simple que ça. Je m’accusais de traîtrise envers l’éthique de la profession, je me traitais de dissidente, de putain d’opérette, mais n’y pouvais rien changer.

P62 : Je me tiens dans ma maison de mots où je me crois à l’abri, mais non, soudain une porte s’ouvre et j’entrevois une scène pénible – la petite Marie, brisée au bas des escaliers, le cercueil de mon père qui glisse vers la fournaise-, tant de portes qui battent, qui s’ouvrent à la moindre embardée de la pensée, toutes ces portes qu’il faudrait tenir fermées et qui s’ouvrent, s’ouvrent sur d’insupportables visions. Il n’y a pas d’abri, pas de protection, pas de salut, aucun repos sinon la mort.

P125 : De fait, je l’ai enfin compris et admis, le seul couple à vivre ici est celui que je forme avec la maladie, ce mal qui depuis ma vingtième année travaille à me détruire. Le mal qui persévère, me grignote à la sournoise. A chaque rémission, je m’en crois quitte mais une nouvelle crise survient bientôt qui me laisse plus diminuée, plus handicapée.

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