lundi 27 septembre 2010

Pays des ombres - Stig Dalager - Gaïa

Pays des ombres

Vienne : Jon Baeksgaard, en tant qu’avocat, poursuivait un ancien dirigeant nazi. Jon était marié à Sine. Tobias, adolescent autiste et virtuose du piano, est leur fils unique. A leur séparation, Sine et Tobias sont restés à Vienne tandis que Jon est parti vivre aux Etats-Unis. Jon fait de fréquents allers-retours pour voir son fils.

A présent, Jon, avocat à New York, travaille sur le dossier d’Ifrahim Mohammed. Ifrahim Mohammed est accusé, à tort, d’avoir assassiné
un joaillier juif : Ellis Edelstein.
Jon vit avec Eve. Eve est israélienne. Le père d’Eve est un « survivant » de la Shoah, sa mère est psychologue, tous les deux vivent à Jérusalem. Eve se languit de les revoir.
Le matin du 11 septembre 2001, New York s’éveille, Jon accompagne Eve vers leur lieu de travail : Manhattan.

Vienne, New York, Jérusalem, Israël, la Palestine, la Shoah, Al-Quaeda, autant de moments, de lieux historiques forts où évolue une belle galerie de personnages à travers les dérapages de l’histoire humaine.

 Le début de mon passage préféré (il y en a pour 3 pages): le réveil de New York

Extrait:

P 39: "Surprise, Eve a laissé tomber sa mallette et se penche pour la ramasser.Au même instant, un chauffeur de taxi se réveille derrière son volant dans la 21ème Rue Ouest. Il s’était endormi après avoir traversé la ville de long en large toute la nuit, ignorant les appels insistants du central. Dans le rétroviseur, ses yeux rencontrent un faciès pâle et hagard qui doit être le sien, et il se souvient soudain dans une moue grimaçante que sa petite amie a quitté le grand lit de son petit appartement du Bronx il y a quelques jours, et qu’il ne l’a pas revue depuis. M. Mason, courtier en bourse, vient de conclure de bonnes affaires durant son rendez-vous nocturne dans un bar à cigares de la 17ème Avenue. Il monte dans l’ascenseur de l’hôtel Marriott Marquis de Time Square aux mille neuf cent onze chambres et soixante et une suites, et observe à travers les parois de verre l’énorme atrium de l’hôtel avec ses jardins suspendus.
Pris de vertige, il appuie en vain sur tous les boutons sans voir le bout de son ascension. Dans la réception du bâtiment Chrysler, la femme de ménage Mrs Duly s’est arrêtée devant un palier d’ascenseurs, et bien que déjà lasse à l’idée de la multitude de bureaux qui l’attendent, elle avance lentement, sa serpillière électrostatique à la main sur le marbre multicolore. Un court instant, elle est apaisée par la lumière ocre des lampes art déco aux formes anguleuses qui, à l’instar des fleurs de lotus sculptées dans les boiseries des ascenseurs, lui rappellent chaque matin le village paisible aux abords de Nairobi que sa famille a délaissé depuis plusieurs générations. Dans les sous-sols du bâtiment, encore déserts avant l’arrivée du personnel, la pénombre règne, rythmée par le faible tic-tac des compteurs électriques, dont les câbles courent comme des artères noires jusqu’à la flèche du bâtiment.
Là, c’est la lumière qui domine, les rues de Manhattan, du Bronx, du Queens et de Brooklyn s’entrelaçant comme les mailles d’un filet, les bâtiments hétéroclites et les parcs formant comme les coulisses d’un théâtre miniatures devant l’imagination débridée d’un géant. Tel un cortège de fourmis, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se dirigent vers Manhattan, sous l’East River et l’Hudson, sur les ponts de Brooklyn, Queensboro, Williamsburg, Manhattan. Encore ensommeillés, ils se laissent transporter, tandis que trois toxicomanes, réunis par hasard sous Bowery Station le soir précédent et après avoir couru le Bronx à la recherche d’un fixe, se réveillent sous une poutre grise de la gigantesque structure du Yankee Stadium où, désemparés et morts de fatigue, ils ont trouvé refuge pour la nuit. Tour à tour suant et tremblant de froid, ils peinent à se tenir sur leurs jambes. Dans l’antichambre d’un bureau de la bourse de Broad Street, le jeune John Charmer s’apprête à affronter l’intense activité qui l’attend dans la salle de marché, il ouvre un placard et observe avec une naïveté admirative son visage sans ride dans le miroir avant de décrocher de son cintre une veste à gros carreaux. La veille, il a glissé sur des papiers recouvrant le sol dans la bousculade des courtiers criant et gesticulant, laissant passer plusieurs cotations importantes.
Aujourd’hui, il est déterminé à mieux faire et à atteindre son objectif. Au même moment, l’agent de sécurité Eva Thompson effectue sa tournée matinale du Security Council Chamber, dans le gigantesque bâtiment de marbre et de verre des Nations unies. L’espace autour de la table circulaire et de sa procession de chaises vides renforce le silence capitonné qui bourdonne à ses oreilles."
...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire